Armé d’un carnet et d’un crayon il recueille une vingtaine de témoignages dans les rues de Paris, Lyon ou encore Marseille, parfois autour d’une cigarette et d’un café, sur un banc ou à même le trottoir. Il n’était pas question alors de monter un projet théâtral. Le jeune comédien souhaitait juste écouter leur histoire, comprendre comment ils se sont retrouvés à la rue. Achille découvrira qu’au-delà des idées préconçues, les sans-abris sont des femmes et des hommes comme tout le monde qu’ils sont avant tout des êtres humains, que la seule différence avec monsieur et madame « tout le monde » c’est qu’ils vivent dans la rue.
Plus tard, il décide de mettre en scène les récits qu’il a recueillis et réécrits, et de les partager avec le public, non pas par voyeurisme mais pour témoigner de la vie de ces « êtres sans-abris ». Les histoires de Dominique, Victoire, Sven ou encore Luis naissent des carnets du jeune comédien. Autant de monologues mélangeant les témoignages racontent comment la vie peut basculer à tout moment.
De nouveau, Achille se rend en région mais cette fois son spectacle monté. La pièce de théâtre « Lettres Sans Abri » parcourt la France avec une équipe de cinq comédiens. Les textes interpellent, émeuvent, les représentations sont toujours en partenariat avec une association locale qui oeuvre au quotidien avec les personnes en situation de grande précarité.
"Lorsque je me suis penché sur les silhouettes abîmées des rues de mon quartier, je ne pensais pas écrire et encore moins monter un spectacle autour de ces rencontres. Pourtant une fois ces moments passés à leurs cotés, il me semblait indispensable de créer quelque chose autour de leurs récits. Élève au Cours Simon depuis quelques mois, l’idée me vient de réécrire, mixer, échanger, rendre anonymes ces histoires et de les défendre sur scène aux cotés de Sandrine Briard, avec qui le spectacle a débuté.
Je souhaitais créer des capsules, des moments brefs, qui retracent les vies de ses femmes et de ses hommes, pour qui, du jour au lendemain, tout bascule. La difficulté dans le projet était de ne pas tomber dans les clichés. Souvent, dans la culture populaire, le sans-abri est moqué, caricaturé. C’est celui qui s’invite au repas du réveillon, qui est alcoolisé, qui devient l’Auguste des comédies modernes. Dans « Lettres Sans Abri » je cherchais à aller à l’inverse de ces idées reçues. Dans la scénographie, pas de banc public, pas de toile de tente, mais des miroirs, des cubes de différentes tailles, des bougies, des tissus. Une mise en scène simple, qui change à chaque nouveau monologue. De la danse avec les chorégraphies de Valen Rivat-Fournier, de la musique composée spécialement pour le spectacle par Eugène. Et des costumes uniques, dessinés par Gauthier Colrat. "